MUSÉE D'ART DE NANTES

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Orazio Gentileschi

Pise, 1563 - Londres, 1639
 

Diane chasseresse

Entre 1624 et 1630
Huile sur toile
215 x 135 cm
Achat, 1965
Inv. 6735

 

Gentileschi_6735_Apres-Rest_Cc_web.jpgFille de Zeus et de Léto, sœur aînée et jumelle d’Apollon, Diane-Artémis est la déesse de la lune, de la chasse et de la nature sauvage. Cette « Dame des fauves » (Iliade, Homère) est une chaste vierge qui parcourt inlassablement les sombres forêts, accompagnée de la meute de ses chiens fidèles, et armée d’un arc et de flèches forgés par les cyclopes de Vulcain. Elle est ici clairement identifiée par tous ses attributs habituels (cor de chasse, arc et carquois, lévrier, croissant de lune au-dessus de sa tête). Gentileschi nous offre de la déesse une vision froide et sensuelle, correspondant parfaitement à son caractère farouche. La torsion extrême (et anatomiquement impossible) et serpentine du corps, d’une grande poésie picturale, est à la fois un souvenir du maniérisme toscan et de l’école de Fontainebleau. Les carnations marmoréennes sont comme exaltées par l’écrin somptueux des drapés verts aux reflets « métalliques ». Le style du tableau, virtuose et émaillé, le rattache avec certitude aux œuvres des quinze dernières années du peintre, lorsque celui-ci s’éloigne de plus en plus de ses anciennes influences caravagesques.

Né à Pise, Gentileschi fut fortement marqué au début de sa carrière par le maniérisme toscan. Il vint ensuite à Rome, où il rencontre le Caravage (1571-1610), mais il ne retient du langage du maître que le goût pour les jeux de lumière, proposant un art élégant et recherché. Après 1615, il voyagea en Italie (Gênes, Turin…), résida de 1624 à 1626 à Paris, puis travailla à Londres pour le roi Charles Ier jusqu’à sa mort. On sait que l’œuvre fut achetée en 1630 par Roger du Plessis de Liancourt, duc de La Roche-Guyon, grand collectionneur du 17e siècle. Le tableau serait-il alors, avec La Félicité publique conservée au musée du Louvre, un des seuls témoignages picturaux du passage de Gentileschi en France ? Ou daterait-il de la période anglaise du peintre, Roger du Plessis de Liancourt étant ambassadeur extraordinaire de Louis XIII auprès de Charles Ier ? Son influence considérable sur la peinture française (La Hyre, Le Nain) s’expliquerait alors par sa présence ultérieure dans l’hôtel du duc rue de Seine à Paris.

Adeline Collange-Perugi
Extrait du Guide des collections du Musée d'arts de Nantes

 

Photographie réalisée après restauration de l'œuvre.
Domaine public - Crédit photographique : © Musée d'arts de Nantes - C. Clos

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