Le Pérugin (Pietro Vannucci dit Il Perugino)
Città della Pieve, 1448 ? – Fontignano, 1523
Saint Sébastien et un saint franciscain
Dernier quart du 15e siècle
Huile sur bois
74 x 50 cm
Collection Cacault, achat, 1810
Inv. 62
Originaire d’Ombrie, Pérugin a longtemps été éclipsé par la gloire de son élève le plus prestigieux, Raphaël, emblème du classicisme de la Renaissance. Ce fut pourtant un artiste très estimé de son vivant, dont on appréciait les compositions calmes et aérées, et la douceur émanant de ses personnages.
Dans ce tableau religieux, fragment d’un retable plus important, il use du procédé devenu archaïque du fond d’or, mais ses personnages ont une assise et des proportions attestant des acquis techniques de la Renaissance. Ayant les pieds fermement posés au sol, pourvus d’une ombre, dotés de visages fortement individualisés, ils témoignent d’un nouveau rapport du peintre à la représentation des figures. Contrastant avec la robe de bure d’un saint franciscain encore mal identifié (il porte un objet qui pourrait être une maquette architecturale, mais aussi une flamme), la richesse et les couleurs éclatantes du costume du jeune saint Sébastien attirent les regards. Dans une posture gracieuse et élégante, il tient délicatement à la main la flèche qui est son attribut et qui seule vient rappeler son supplice.
On peut remarquer que Pérugin suit ici la tradition iconographique médiévale, qui tend à représenter le saint comme un jeune seigneur élégant du temps et n’insiste aucunement sur l’aspect douloureux de son martyre. Le visage adolescent encadré de boucles dorées porte la marque de l’idéal de beauté toscan du Quattrocento et possède la douceur rêveuse caractéristique de Pérugin, que Raphaël reprendra dans ses créations.
Claire Gérin-Pierre
Extrait du Guide des collections du Musée d'arts de Nantes
Domaine public - Crédit photographique : © Gérard Blot / RMN - Grand Palais des Champs Elysées