MUSÉE D'ART DE NANTES

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Jean Antoine Watteau

Valenciennes, 1684 – Nogent-sur-Marne, 1721

Arlequin empereur dans la lune

Début du 18e siècle
Huile sur toile
65 x 82 cm
Collection Cacault, achat, 1810
Inv. 737

 

Watteau_Arlequin_web.jpgÉlève de peintres et graveurs ornemanistes comme Claude Gillot et Claude III Audran, Watteau fut l’inventeur d’un genre qui allait marquer fortement le 18e siècle, celui des « fêtes galantes ». Rompant en effet avec l’inspiration mythologique propre à la peinture d’histoire, mais sans s’attacher non plus à décrire des scènes de genre à la manière flamande ou hollandaise, il créa des tableaux dans lesquels des comédiens ou des personnages en habits de théâtre flânaient dans de grands parcs ombragés tout en se livrant à divers jeux amoureux. Ce type d’œuvres reçut immédiatement un accueil enthousiaste du public, car elles correspondaient à l’esprit nouveau qui voulait se libérer de l’ambiance pesante de la fin du long règne de Louis XIV. Watteau mourut précocement, mais il eut beaucoup d’épigones et d’imitateurs qui perpétuèrent ce genre tout au long du 18e siècle.

Ce tableau représentant une scène de théâtre serait une des toutes premières œuvres de Watteau et a été de fait longtemps attribué à son maître Gillot, dont on connaît plusieurs scènes de la comédie italienne, alors très appréciée du public. Mais son style plus sec, sa touche moins colorée ne se retrouvent pas ici. Si l’œuvre n’est pas exempte de maladresses, et de plus assez usée, certains éléments annoncent de façon troublante l’art de Watteau dans les années à venir : la figure du mezzetin, sur la gauche (personnage récurrent chez l’artiste), les feuillages évoquant un parc, l’atmosphère rêveuse et embrumée, les effets miroitants de la lumière sur les vêtements des personnages.

Le sujet a pu être clairement identifié. Il s’agit d’une scène tirée d’une comédie de Nolant de Fatouville, Arlequin empereur dans la lune, créée en 1684 et reprise en 1707 à la foire Saint-Laurent, puis en 1719. Elle conte une fois de plus une des innombrables mystifications d’Arlequin : pour pouvoir épouser Colombine, Arlequin se déguise tour à tour en fermier, en apothicaire, en ambassadeur de l’empereur de la lune, et finalement en l’empereur lui-même.

Claire Gérin-Pierre
Extrait du Guide des collections du Musée d'arts de Nantes

 

Domaine public - Crédit photographique : © Musée d'arts de Nantes - C. Clos

 

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