MUSÉE D'ART DE NANTES

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James Tissot

Nantes, 1836 – Buillon (près de Besançon), 1902

Suite du Fils prodigue : Le Veau Gras

1880
Huile sur toile 100 x 130 cm
Dépôt du musée du Luxembourg, 1914
Inv. 1948

 

Tissot Le veau gras.jpgNantais à la carrière internationale, Jacques Tissot fut d’abord élève à Paris d’Hippolyte Flandrin et de Louis Lamothe, commençant sa carrière par exécuter des scènes historiques avant de s’orienter vers le portrait et la scène de genre. Proche de James McNeill Whistler, il change son prénom en « James », plus attirant. En 1871, fuyant la Commune, il part à Londres où il connaît un grand succès. Il y séjournera jusqu’en 1882, date de la mort de son égérie et compagne, Kathleen Newton, qui figure dans de nombreuses œuvres de Tissot.

Ami d’Edgar Degas, il refusa d’exposer avec les impressionnistes. À son retour à Paris, il choisit d’illustrer une série sur la « Femme à Paris », qui reçut un accueil mitigé. Épris de mysticisme, Tissot part en Palestine et conçoit une bible rehaussée d’aquarelles qui le consacre comme peintre religieux. Retiré dans son domaine familial près de Besançon, Tissot meurt en laissant un œuvre considérable, très recherché des amateurs.

Tissot a traité par deux fois cet épisode : en 1862, il le place dans le contexte historique de la Renaissance. Vingt ans plus tard, il reprend le sujet dans le style moderne. Dernier acte de la série du « Fils prodigue », Le Veau gras illustre le moment où le pécheur, habillé en canotier du très chic club de Henley, retrouve sa famille, partageant le repas. Alors que son frère cadet arrive et s’émeut de voir son aîné faire si bonne chère, le père explique : « Une âme perdue est revenue parmi nous. »
Comme souvent chez Tissot, la lecture s’avère codée. On peut y lire un message moral, empreint des préceptes de la Bible. Mais l’œuvre se double ici d’une allusion plus personnelle.

Exilé à Londres depuis une dizaine d’années, l’artiste, loin de ses amis impressionnistes, se rappelle à leur bon souvenir. Le sujet des exilés est récurrent chez Tissot (Émigrants, 1879 ; Les Deux Amis, 1881, estampes, Musée d’arts de Nantes). La touche, claire et vibrante pour le fond du paysage, illustre l’intérêt du peintre pour les recherches tonales de Degas et Manet, ses amis. Dans les traits de la jeune femme assise on reconnaît Kathleen Newton. La capucine qui court le long de la pergola partage habilement les deux aspects de la scène et renvoie à la symbolique du renouveau. On peut aussi y lire une référence à un message intime de Tissot qui voudrait se rapprocher de ses collègues français : Degas avait notamment pris cette fleur pour emblème dans les années 1870. Tissot se sentait-il un enfant prodigue ?

Cyrille Sciama
Extrait du Guide des collections du Musée d'arts de Nantes

 

Domaine public - Crédit photographique : © Gérard Blot / RMN - Grand Palais des Champs Elysées

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