Electric Op

De l’art optique à l’art numérique

Expo événement

Du 4 avril au 31 août 2025

Riche d’une collection d’art moderne et contemporain où l’abstraction tient une grande place, le Musée d’arts de Nantes et le Buffalo AKG Art Museum (Etats-Unis) proposent une exposition inédite présentant les liens historiques, théoriques et formels entre l’art optique et l’art vidéo et informatique, des années 1960 à nos jours.

  • Art contemporain
  • Art moderne
  • Patio
Dernière mise à jour : vendredi 18 octobre à 13:52
  • L'exposition

    L’exposition explore l’influence de l’art optique dans la création contemporaine de ces soixante dernières années, notamment chez certains artistes des arts vidéo et informatique (dit arts des nouveaux médias).

    De l’art optique à l’art numérique

    L’Op art, qui se développe en parallèle de l’apparition de l’art vidéo et informatique, peut être considéré comme la première esthétique de l’ère de l’information dans laquelle nous évoluons toujours actuellement. Symétriquement, fascinés par les possibilités offertes par l’informatique qui font écho à leurs réflexions sur les mécanismes de la perception visuelle, les artistes Op vont s’approprier les caractéristiques de ces nouvelles technologies. Répétition programmée, binarité, pixels et moirés deviennent des motifs avec lesquels les artistes jouent encore aujourd’hui.

    Victor Vasarely, Alom, 1968.

    Héritage visuel majeur des années 1950 et 1960, l’Op art, dont Victor Vasarely, Yaacov Agam ou Bridget Riley sont d’importants représentants, se diffuse très tôt dans les arts et la culture populaire.
    Avec ses motifs géométriques, produits ou non par la machine, et ses effets optiques qui sollicitent activement les facultés visuelles du regardeur, il attire dès les années 1960 l’attention d’artistes pionniers en matière de nouveaux médias (vidéo, cybernétique, informatique), tels que Gary Hill, Mickael Noll ou Georg Nees. Ces derniers ont librement pioché dans le vocabulaire visuel de l’art optique, tandis que certains artistes, peintres ou sculpteurs, comme Vera Molnar, Leroy Lemis ou Eduardo Mac Entyre, ont utilisé ces évolutions technologiques pour décupler leurs possibilités de création.
    Plus récemment, de François Morellet à Angela Bulloch et jusqu’à certaines créations de Ryoji Ikeda, des artistes continuent d’utiliser ce langage formel dans un univers toujours plus numérique.

    Connexions entre art optique et arts des nouveaux médias

    Réunissant plus de 80 œuvres (peintures, sculptures, œuvres sur papier, vidéos et installations), l’exposition se déploie en cinq sections.

    La première partie est destinée à définir et présenter au public l’art optique et cinétique historique, notamment dans ses aspects les plus liés à la sphère scientifique et technologique, tandis que les quatre sections suivantes explicitent les connexions historiques, théoriques et formelles entre art optique et art des nouveaux médias.

    Nicolas Schöffer, Chronos 8, 1967. Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne – Centre de création. Photo © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Philippe Migeat © Adagp, Paris, 2024

    1- Introduction : Op art et art cinétique

    Les œuvres sélectionnées démontrent l’intérêt précoce de ces artistes pour les innovations de leur temps (recherches optiques, nouveaux matériaux), comme leur concomitance historique et esthétique avec les débuts de l’art vidéo.

    2- Répétition programmée

    Cette section met en avant la répétition comme procédé créatif dans les œuvres optiques. Celles-ci découlent d’un programme, défini au préalable.

    D’une répétition géométrique (trame) choisie et exécutée par l’artiste aux premières œuvres assistées par ordinateur (et donc elles aussi programmées), il n’y a parfois qu’un pas que plusieurs artistes optiques ont eux-même franchi (Leroy Lamis, Vera Molnar, Eduardo Mac Entyre). Cette section les met particulièrement à l’honneur en réunissant sculptures, peintures et dessins générés par ordinateur.

    3- Binarité

    Les artistes optiques emploient le terme « binaire » pour décrire l’interaction visuelle du noir et du blanc, au moment où le langage de l’informatique (qui se fonde sur le 0 et 1), se déploie. Cette section permet d’apprécier les effets esthétiques de la binarité en associant noir et blanc optique et noir et blanc informatique, des premières images modélisées sur ordinateur et impressions au traceur, aux lignes de codes travaillées par les artistes numériques comme Ryoji Ikeda.

    Edouardo Mac Entyre, Pintura generativa, 1969
    A. Michael Noll, Ninety Parallel Sinusoids with Linearly Increasing Period, 1964. Buffalo AKG Art Museum.

    4- 3D

    Ce chapitre étudie les parentés historiques et formelles entre art optique et arts des nouveaux médias par le double biais de la perception humaine de la profondeur et de la modélisation 3D. L’art optique, en faisant de la vision binoculaire humaine son sujet privilégié, questionne très tôt nos facultés optiques et cérébrales.

    L’effet optique dit du moiré, que l’Op art utilise de manière récurrente, consiste, quant à lui, à répéter un même motif en y appliquant un léger décalage, ce qui provoque un effet vibratoire pour l’œil. Aujourd’hui, le jeu optique de représentation et de déconstruction du volume, dans des formes et mouvements parfois psychédéliques ou hypnotiques, persiste chez plusieurs artistes numériques pratiquant l’animation 3D.

    5 – Pixel

    La dernière section du parcours aborde l’apparition du pixel et sa rapide appropriation comme une esthétique en soi, dans l’art optique comme dans l’art des nouveaux médias. L’image numérique est, de fait, la reproduction comprimée d’une image, résumée en une multitude de points lumineux colorés (les pixels), ce qui permet sa diffusion. La trame orthonormée pixellisée devient et demeure le terrain de jeux infinis de nombreux artistes.

    En conclusion, l’œuvre de LoVid, 486 Shorts (2006), consiste à relier un ancien processeur 486 à un circuit vidéo, afin de produire 486 vidéos brèves, comme autant de peintures abstraites, animées et générées par la machine. Cette installation réactive un matériel audiovisuel devenu désuet pour matérialiser aux yeux du public l’impact ancien des technologies dans notre manière de percevoir le monde, au moment même où celles-ci en viennent à mimer le réel de façon telle que nous avons de plus en plus de difficultés à les différencier et à nous en détacher.

Commissariat de l’exposition : Tina Rivers Ryan, rédactrice en chef d’Artforum, ancienne conservatrice du Buffalo AKG Art Museum.

Commissariat de l’exposition à Nantes : Salomé Van Eynde, chargée d’expositions au Musée d’arts de Nantes


Electric Op. De l’art optique à l’art numérique est une exposition co-organisée par le Buffalo AKG Art Museum et le Musée d’arts de Nantes. Elle est présentée au Buffalo AKG Art Museum du 27 septembre 2024 au 3 février 2025.