Qui est Luc-Olivier Merson ?
Luc-Olivier Merson (1846-1920) est un personnage étrange, un artiste entier au caractère franc et direct, un homme intègre qui défend ses idées au mépris de sa carrière. Il est issu d'une famille notable et cultivée : son père Charles-Olivier, né à Nantes (1822-1902), est peintre et critique d'art reconnu.
Sa formation
Très jeune, Luc-Olivier dessine et entre dans l'atelier d'Isidore Pils pour gagner le Prix de Rome (1869). Il est remarqué à la villa Médicis (1870-1874) par Paul Eudel, collectionneur nantais, qui lui commande un curieux tableau conservé au Musée d'arts, Le sacrifice des poupées.
Sa carrière
À son retour en France, Merson débute une carrière de décorateur avec grand succès. Parallèlement, il exécute des peintures dérangeantes et séduisantes acquises par les institutions publiques : Le Loup d'Agubbio (Palais des Beaux-Arts de Lille), Saint Isidore laboureur (Musée des Beaux-Arts de Rouen) et Saint François prêchant aux poissons (Musée d'arts de Nantes). Il cumule les honneurs sans les rechercher : Légion d'honneur (1881), membre du jury du Salon (1889), membre de l'Académie des Beaux-Arts (1892), chef d'atelier de l’École des Beaux-Arts de Paris (1905)…
Lassé de l'administration, il abandonne tous ses projets à ses élèves en 1907 (billet de 500 francs, mais aussi Parlement de Mexico ou Sorbonne). En 1911, il démissionne de son poste de l’École des Beaux-Arts de Paris en opposition avec la nouvelle organisation du Salon.
L’homme et l’artiste
Proche des symbolistes - le poète José-Maria de Hérédia ou le musicien Gabriel Pierné - il est pourtant réfractaire à l’idée d’appartenir à un style : «Comme c'est étrange cette maladie que l'on a de se coller des étiquettes qui ne sont là la plupart du temps que pour tromper l'acheteur» dit-il à son ami Pierné.
Marié à Elisabeth Contour, père de trois enfants (Madeleine, Frédéric et François), Merson aime l'humour, se déguise, peint paysages et portraits pour lui-même. Il meurt à Paris en 1920.
Une rétrospective est organisée alors à Paris. Son talent n'est qu'apprécié des spécialistes avant qu'une magistrale exposition au Musée des Beaux-Arts de Rennes ne le remette à l'honneur en 2008. Recherché par les collectionneurs, admiré des connaisseurs, l'art de Merson est inclassable et sa liberté fascine.
À voir jusqu'au 17 juin 2018
Présentée dans la Salle blanche du musée, l'exposition Luc-Olivier Merson, illustrateur et décorateur dévoile un aspect du travail de l'artiste à travers 54 œuvres issues du riche fonds d'estampes, de gravures et de peintures du musée.
Commissariat de l'exposition : Cyrille Sciama, conservateur en charge du 19e siècle au Musée d'arts de Nantes.
* Luc-Olivier MERSON, Le sacrifice des poupées, 1871, huile sur toile.
* Luc-Olivier MERSON, Saint-François d'Assise prêche aux poissons, 1881, huile sur toile.
© Musée d'arts de Nantes/G. Blot (Agence photographique de la Réunion des Musées Nationaux - Grand Palais des Champs Elysées).
* Luc-Olivier MERSON, Portrait du père de l'artiste et de ses enfants (détail), s.d., pastel sur papier. © Musée d'arts de Nantes/C. Clos.