Directrice-conservatrice du Musée d’arts de Nantes depuis 2016, Sophie Lévy impulse la dynamique scientifique et culturelle de l’établissement, avec à ses côtés, une équipe de conservation composée de quatre responsables de collection. Initié en 2022, cinq ans après la réouverture du musée, le chantier de réaccrochage marque une nouvelle étape dans l’histoire du musée.
Qu’est-ce qui a motivé cette décision de revoir l’accrochage des collections, cinq ans après la réouverture du musée ?
Il n’y a rien de véritablement permanent dans les collections permanentes. D’une part le Musée d’arts prête entre 50 et 80 œuvres chaque année pour des projets qui se déploient d’Angers à Zhengzhou en passant par Bakou ou Bogota. Ce ballet des prêts permet aux conservateurs d’aller régulièrement chercher dans les réserves les pépites oubliées.
D’autre part la générosité et la solidarité entre musées de France nous offrent des prêts et dépôts suffisamment longs pour que de nouveaux échos se fassent entendre entre des œuvres qui ne s’étaient jamais rencontrées. Les mouvements sont donc constants, mais, dans un musée ouvert au public, ils sont souvent discrets, invitant le visiteur aguerri à un jeu des sept erreurs.
En quoi ce réaccrochage a-t-il consisté ?
Depuis 2022, le musée a fait le choix de redistribuer en profondeur les cartes de la présentation de la collection : thématiques nouvelles, œuvres restaurées, nouveaux dépôts – un grand merci au Musée des Beaux-Arts de Valenciennes, au Musée de Saint-Malo, au CNAP et dans quelques mois au Centre Pompidou d’avoir accepté de nous confier, pour quelques années, leurs trésors – scénographie repensée, nouveaux dispositifs écrits, nouveaux jeux dans les salles…
Les tableaux, comme les mots, nous sont transmis, mais la phrase, comme l’accrochage, sont toujours inédits, personnels : un point de vue proposé par les conservateurs des collections, mais aussi propre à une époque, sa sensibilité, sa pensée. Le parcours des collections résulte donc d’un collectif qui, pour quelques années, ose proposer aux visiteurs une mosaïque organisée, une promenade sensible et sensée.
Quelles sont les spécificités de ce nouvel accrochage ?
Un intérêt toujours vif pour les dialogues anachroniques, une attention plus forte aux contextes et aux récits politiques et historiques qu’à la succession des styles, une prise en compte plus fine des rapports de forces entre pays, entre genres, entre populations. En bref, le monde tel qu’il est regarde le monde tel qu’il fut, à chaque instant différemment.