Conservateur des collections 19e siècle, Jean-Rémi Touzet est la « tête pensante » de cette partie du réaccrochage qu’il a imaginée pendant de longs mois. Immersion dans le quotidien d’un conservateur pour comprendre comment se réfléchit un tel chantier de collection :
Quel est votre rôle au musée et plus particulièrement dans le cadre de ce réaccrochage ?
Je suis conservateur des collections du 19e siècle, c’est-à-dire que je m’occupe de tout ce qui concerne les œuvres, conservées au musée, créées à cette période (peintures, sculptures, dessins…). Par ailleurs, je conçois des expositions pour le musée sur l’art du 19e siècle, comme Le Voyage en train. L’accrochage actuel des collections datant de la réouverture du musée, il y a six ans, mon rôle a été d’en inventer un nouveau, avec l’appui de scénographes et des équipes du musée, autour de nouvelles thématiques.
Comment avez-vous dégagé ces grandes thématiques ? Qu’est-ce qui a guidé vos choix ?
Nous avons choisi de renforcer l’aspect thématique pour rendre plus clair les grands enjeux de l’art du 19e siècle. Plutôt que de penser par école artistique autour de grands noms (Ingres et ses successeurs, par exemple), nous avons mis en avant des grands sujets contextuels : l’importance de l’Italie dans la formation et la carrière des artistes, ou la manière d’inventer les images de l’histoire, celle du Moyen-Âge ou de la Préhistoire, pour créer l’illusion d’un passé dont on n’a plus que des traces. Ces choix ont été guidés par les œuvres elle-mêmes mais aussi par la volonté de comprendre comment, par qui ou pour qui ces images ont été créées. Cette mise en regard des œuvres par rapport à leur contexte de création est nouvelle pour le musée.
Quelles ont été, de votre côté, les grandes étapes de travail sur ce réaccrochage ? Et celles qui vous ont le plus enthousiasmé ?
La conception d’un accrochage est le fruit d’une connaissance très personnelle des œuvres. Un des plus grands plaisirs des conservateurs de musée est à ce titre, de passer du temps dans les réserves à regarder des œuvres que personne ne regarde et de choisir celles qui pourraient en sortir, après parfois plusieurs décennies de sommeil. Nous avons ainsi restauré de nombreuses œuvres, dont un très grand tableau de plus de 4 mètres qui avait été abîmé pendant la guerre de 1870 ! Pouvoir le montrer à nouveau aux visiteurs, 150 ans plus tard, c’est un véritable événement !