Acquisitions : trois œuvres surréalistes, deux femmes !

  • Vie des collections

À l’occasion de la vente « 100 ans de surréalisme », organisée par Bonhams à Paris en mars 2024, le Musée d’arts de Nantes a acquis trois nouvelles œuvres, préemptées par Claire Lebossé, conservatrice et responsable de la collection art moderne du musée, qui complètent les plus de 14 000 œuvres composant déjà ses collections. Ces trois œuvres surréalistes de Jane Graverol et Léonor Fini viennent renforcer des axes saillants de la collection d’art moderne.

Focus sur…

Jane Graverol, Le Tombeau de Mallarmé (1958).

Par l’hommage rendu à Stéphane Mallarmé, Jane Graverol souligne ce que le surréalisme doit à la poésie. Mouvement littéraire avant d’être plastique, le surréalisme trouve en Mallarmé l’une de ses figures tutélaires.

La peintre livre ici un tableau en forme de message : la poésie de Mallarmé, dont les ouvrages, posés sur un socle, résistent à la vigueur des flots, agit tel un unique repère dans l’immensité nue de la mer.

Jane Graverol, Le Tombeau de Mallarmé, 1958. Huile sur panneau, 42 x 55 cm.

Jane Graverol, Le Bon Bout de la raison, 1962. Huile sur toile, 65 x 81 cm.

Jane Graverol, Le Bon Bout de la raison (1962)

L’attachement de Jane Graverol au monde animal se révèle central dans son histoire et son iconographie.

Le Bon Bout de la raison est une œuvre captivante et énigmatique, emblématique du caractère poétique et mystérieux de l’art de Jane Graverol. Ses toiles, qu’elles qualifient de « rêves éveillés », offrent une infinité d’interprétations, laissant le soin au spectateur de prendre part à ce rêve.

Leonor Fini, Portrait imaginaire (1950)

Le Musée d’arts de Nantes a fait l’acquisition en 2022 d’un masque réalisé par Leonor Fini (Sans titre, dit Masque aux mouches). L’acquisition de cette œuvre sur papier permet de cerner la diversité des pratiques de l’artiste. Celle-ci illustre par ailleurs l’attention de Leonor Fini à la figure humaine et à l’autoportrait, caractéristique de sa production sur toile et sur papier.

« Dans ses portraits, elle s’attache à la ressemblance, en lui ajoutant un charme un peu étrange, inspiré par sa sensibilité surréaliste » souligne Yves Taillandier dans Connaissance des arts en février 1954. Dans ce portrait tiré de son imagination, Fini met en scène l’effroi sur le visage, la bouche entrouverte comme saisie de surprise.

Leonor Fini, Portrait imaginaire, 1950. Huile et encre de Chine sur cartoline, 65,2 x 50,3 cm.

Les femmes surréalistes à Nantes

À partir des années 1980, le Musée d’art de Nantes a développé une collection surréaliste importante, devenue l’une des caractéristiques du musée.

En parallèle, le musée cherche depuis plusieurs années à démontrer la contribution fondamentale des artistes femmes à ce mouvement. Claude Cahun, née à Nantes, en est l’exemple le plus évident, mais le dépôt par le MNAM d’une œuvre de Toyen et l’achat d’œuvres de Meret Oppenheim, Dorothea Tanning et Leonor Fini en sont des traces tangibles dans les collections et dans l’accrochage.

L’acquisition de ces trois œuvres s’inscrit naturellement dans ces deux axes.